Page:Bourdaret - Religion et Superstition en Corée.djvu/11

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en ce point que l’esprit de la maison désormais résidera, jusqu’à ce qu’un nouvel événement vienne provoquer sa fuite.

Les sorcières ont plusieurs procédés de divination. Tantôt elles jettent des grains de riz sur une table et observent les combinaisons formées ainsi au hasard par les grains. Tantôt elles emploient un bâton de noisetier surmonté d’un cercle garni de clochettes, et c’est alors aux sons du carillon qu’elles reconnaissent les intentions du démon.

Les Coréens, qui ont une grande préférence pour leurs garçons, et désirent que leur avenir soit le plus heureux possible, les consacrent à un esprit, pensant que c’est la meilleure façon de leur éviter les mauvais tours des démons. Bien entendu, cette consécration ne peut se faire que par l’intermédiaire des exorcismes des moutangs. On ajoute au nom de l’enfant celui de l’esprit à qui il est consacré. C’est souvent à la moutang elle-même que l’enfant est confié. Dans ce cas, elle apprend — par un rite spécial — au démon qui la possède qu’elle doit prendre cet enfant sous sa protection. Elle emporte de la maison du père un bol de riz, une cuillère enveloppée dans un morceau d’étoffe de coton, sur lequel est écrite la cession du jeune garçon, et elle place ces objets chez elle, dans la chambre réservée à son démon. Aux fêtes périodiques, elle fera des offrandes à ce dernier en faveur des enfants ainsi adoptés.

Lorsque la « moutang » est appelée auprès d’un malade, elle arrive avec une aide. Celle-ci apporte un panier. Elle s’assied sur le sol, et se met en devoir de gratter ce panier avec un morceau de bois, imitant ainsi le bruit d’un rat. C’est leur manière spéciale pour faire appel à un esprit. Pendant ce temps, la sorcière danse, s’agite avec frénésie, invoque l’invisible. C’est au moment où son agitation est à son comble que l’auditoire, assis tout autour de la chambre, estime que le démon s’est emparé de la femme, qu’il parle par sa bouche. Elle crie, en effet, et révèle son nom ; elle dit ce qu’il faut faire pour guérir le malade, quelle somme il faut ajouter pour que la guérison soit certaine. Ceci fait, le malin est