ébauché un roman sur les Décabristes, les premiers insurgés aristocrates de 1825, Tosltoï compose ses deux grands romans, la Guerre et la Paix (1865- 1868), puis Anna Karénine (1878) où transparaissent les tendances moralisatrices, œuvres d’inspiration plus encore qu’œuvres d’art, qui lui valurent un renom immédiat auquel il se montrait très sensible. S’il était resté dans l’armée il aurait pu, disait-il, s’élever dans l’artillerie jusqu’au généralat ; il étjiit satisfait d’obtenir ce grade en littérature.
Cependant, dès 1874, les troubles de conscience commençaient à l’agiter. Dans ses romans se fait jour l’inquiétude des grands problèmes de la vie, de la mort, de la religion. Tolstoï en est de plus en plus hanté, il cherche en gémissant. Pascal, Schopenhauer, dont le portrait orne sa chambre, l'Ecclésiaste sont ses livres de chevet. 1^ vie lui semble un mal et il constate l’impuissance de la philosophie à l’atténuer. Des pèlerins passent sur la route, allant vénérer les reliques des saints. Il les envie et les sent près de son cœur.
Le grand procès intenté à Moscou, de 1875 à 1877. à cinquante aHiliés aux Narodniki, ces nihilistes accusés de propagande révolutionnaire dans les campagnes, frappait et émouvait l’esprit de Tolstoï. A partir de 1870, nombre de jeunes gens et de jeunes filles, dont plusieurs appartenaient à la noblesse et aux classes riches, avaient abandonné leurs parents.