Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/117

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— Sans doute. Car, pendant que nous cassions les branches, Léon Nicolaïévitch est venu à passer. Nous avons cherché à nous sauver, mais il nous a rappelés : « Que faites-vous là ? » nous a-t-il dit. Nous nous sommes jetés à ses genoux : « Seigneur, pardonne-nous. Nous sommes des misérables qui volons le bien du meilleur homme de toute la terre. Mais nous sommes très malheureux. Il fait froid chez nous, et on y a faim. » Alors, il nous a relevés, et il a dit : « C’est bien, pauvres gens, faites comme si je ne vous avais pas vus. » Il est parti, et nous avons chargé les branches sur nos traîneaux.

En considération du comte Tolstoï, le zemskinatchalnik vint en personne à Iasnaïa Poliana et lui conta cette histoire. Léon Nicolaïévitch entra dans une grande tristesse et dit :

— Cela est vrai, Monsieur, toute cette histoire est réelle, et je vous supplie de ne point donner de suite à la plainte de ma femme que j’ai ignorée. Mettez en liberté ce malheureux, et qu’ils vivent du mieux qu’ils pourront. »