besoins de la famille. C’est une grande et grosse fille brune, qui a de beaux yeux expressifs, le nez busqué, des traits forts, mais purs, et un casque lourd de cheveux noirs.
Tout ce monde s’empresse autour de la comtesse. Les vieux, tous les deux à la fois, parlent intarissablement. La jeune femme se tait. Elle est enceinte. Alors je regarde autour de moi. Où couche-t-on ici ? Il n’y a point de lit, ni de paillasse, ni rien où l’on puisse s’étendre. Je lève la tête. On couche contre le plafond. Suspendue à cinquante centimètres à peine des solives, j’aperçois un bâtis de bois, assez analogue à la planche à pain de nos casernes, mais plus vaste, et que j’avais pris d’abord, en effet, pour une resserre à pain. C’est là-haut que la famille, le soir, va dormir, sur la planche nue. Pour y parvenir, il faut se hisser sur une échelle, se courber en deux, s’allonger laborieusement. Ou bien, par les nuits de grand froid, on s’étend à même au faîte du poêle cimenté. Je dis à la comtesse :
— Mais où cette femme est-elle allée faire son enfant ?