Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/32

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conscience qui s’expriment incessamment, avec une abondance magnifique. Parfois, sans doute, il a de soudains silences hermétiques, où les muscles tendus de son visage attestent le travail intérieur, où les flammes voilées de son œil immobile semblent aspirées au-dedans, où sa méditation se clôt à tout ce qui l’entoure. Alors on respecte son recueillement, et, indifférent aux conversations qui se continuent, il poursuit son rêve solitaire. Mais revenu aux êtres et aux choses, il parle avec une simplicité éloquente et une richesse d’idée qui sont intarissables ; il a, dans la discussion, un souci d’attention et de bonne foi qu’il faut bien noter à sa louange, car le long exercice d’une primauté intellectuelle et le dogmatisme d’une pensée affermie dans la recherche constante aboutissent trop souvent, de la part des esprits les plus bienveillants, à des affirmations catégoriques qui ne tolèrent pas qu’on les examine.

Celui-là certes affirme. C’est trop peu dire qu’il affirme. Toute sa doctrine, toute sa personne morale, sa sérieuse parole sont une affirmation permanente, intrépide, absolue.