Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/75

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conquêtes et l’effort libérateur de notre civilisation dans l’ordre physique comme les marques de la pire barbarie ! Dès lors, si indulgent que soit le génie du maître, comment discuter avec lui ; si l’on a eu cette témérité de vouloir discuter avec Tolstoï ? Qu’importent pour lui les faits particuliers et les contingences vitales ? Il n’est pas pour lui de contingences, car il foule les champs de l’Absolu, et il n’accueille les faits que pour les plier à ses principes.

Est-il possible, cependant, est-il scientifique, d’ériger un système du monde et de formuler les lois de l’humanité vivante, sans tenir compte des faits, c’est-à-dire de la vie ? Est-il possible du moins de n’en tenir compte que dans la mesure où ils concourent à une doctrine et servent un idéal ? Et l’innombrable multitude de nos âmes diverses et pareilles, l’infinie variété de nos vies dispersées, tout le verger et tout le fumier du génie humain, tout cela n’est-il qu’une matière à syllogisme, d’où jaillira en conclusion une formule éternelle ?… De ce sommet où Tolstoï a reçu dans un éblouissement les tables de la