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Vérité, l’événement de la guerre japonaise est une péripétie affligeante, considérable dans ses conséquences, grave par ce qu’elle signifie, mais le problème des races n’est une question que pour les débiles de mon espèce. Et, bien que la bonté de Tolstoï soit infinie, bien que ma gratitude s’enorgueillisse de s’humilier devant l’hôte affectueux et le causeur généreux qu’il voulut être pour moi, je sentis obscurément, sans qu’il le laissât paraître, à quel point ces discussions lui semblaient vaines, et combien elles rabaissaient le vaste problème humain où plonge sa conscience.


Je venais de finir ma tasse de café. Tolstoï se leva. Son beau visage bienveillant se pencha en souriant :

— Il faut que je vous laisse. Je retourne à mon travail. Vous aussi sans doute vous désirerez vous reposer, après cette nuit passée en chemin de fer ; ou peut-être avez-vous à travailler. Vous trouverez à la bibliothèque tout ce qu’il vous faudra. À tout à l’heure. »