loppée d’un charme pur et d’une grâce indulgente. Et je reconnaîtrais mal la bienveillante hospitalité que j’ai reçue à Iasnaïa Poliana si je ne témoignais en même temps, avec tout le respect qui est dû à cette noble et charmante femme, de l’infinie séduction de sa personne. Tous ceux qui l’approchèrent ont goûté l’attrait primesautier de son esprit, la sagesse de sa raison, les façons qu’elle a de juger choses et gens en négligeant les apparences et les papotages, en considérant les faits dans ce qu’ils comportent de sens général, et c’est là la marque de rares intelligences. Et si son abondance étonne et séduit d’abord, on s’aperçoit bientôt qu’elle n’est que le vêtement léger d’une réflexion exercée.
Après le déjeûner, nous étions demeurés seuls. Elle me contait mille choses de sa vie et de celle de son mari, et, tandis qu’elle parlait, je voyais se projeter à travers ses souvenirs, comme sur un écran, la beauté d’une longue existence de tendresse et de joie. Léon Tolstoï était un grand ami de sa mère, qui avait seulement deux ans de plus