Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/90

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mieux. Je crois lui avoir rendu, en toute circonstance, les devoirs qui étaient miens. Je pense avoir agi toujours, dans la mesure où je le pouvais, ainsi que je le devais. J’ai tâché d’être une bonne épouse et une bonne mère. À notre âge, nous ignorons encore comment deux époux se querellent. Enfin, nous avions tous les deux l’esprit et l’amour de la famille. Je lui ai donné treize enfants, que j’ai élevés avec toute mon âme.

Puis elle ajoute en riant :

— Et, vous voyez, je me porte bien tout de même !

Je lui dis :

— Tout à l’heure, votre belle-fille m’a appris que son mari, votre fils André, est sur le point de prendre du service en Mandchourie. Comment le comte a-t-il accepté cette détermination ? N’en êtes-vous pas, vous-même, surprise et affligée ?

— André veut partir à la guerre. C’est son droit. Mon mari et moi, nous avons toujours respecté scrupuleusement l’indépendance de nos enfants. Il partira donc, et nous n’avons rien fait pour l’en détourner. Il a d’ailleurs