toute la vigueur de son âge mûr, l’amour du cheval, et, tous les deux jours, c’est à cheval qu’il accomplit sa promenade habituelle. Il suit avec un intérêt passionné les choses de la guerre japonaise, ne laissant point passer un seul jour sans lire et commenter les nouvelles, et c’est au point que, récemment, il est allé à cheval jusqu’à Toula pour connaître plus tôt un télégramme de Kharbine, faisant ainsi, dans le froid et la neige, vingt-huit verstes, près de trente kilomètres !
— Et vous n’êtes pas inquiète, quand vous le voyez partir ainsi, seul, pour un si long trajet ?
— Mais croyez-vous qu’il me prévienne ? Il s’en va sans rien dire, et c’est le soir, au retour, qu’il nous conte négligemment ces belles prouesses !
La comtesse daignait me marquer une si familière bienveillance que je hasardai, avec une intrépide indiscrétion, la question que voici. Il est notoire que, si Tolstoï a dégagé son esprit de toute servitude religieuse, la comtesse a gardé intacte sa foi, et qu’elle pratique avec autant de zèle que jadis, les