ment français, que l’opinion s’enfièvre pour la guerre, vous verrez Jaurès céder et voter avec ceux qui le vilipendent aujourd’hui.
— Ce n’est pas sûr. Il est impossible, en tout cas, de décider sur une hypothèse. Ce que je sais, c’est que Jaurès est une conscience admirable, d’une pureté et d’une loyauté certaines. Mais il n’est pas un spéculatif. Il est homme politique, c’est-à-dire réaliste.
— Je ne distingue pas entre l’homme de pensée et l’homme politique. Leur responsabilité est égale.
— Soit. Mais la force de l’homme politique est dans l’action qu’il exerce. Il subit en revanche des réactions. Et l’on peut se demander si, résistant à celles-ci au risque de ruiner celle-là, il ne ferait pas œuvre téméraire en compromettant, par une impuissante intransigeance, l’influence réelle et bienfaisante qu’il possède légitimement. Il est possible, en effet, que tel cas se présente où Jaurès votera la guerre, et encore j’en doute fort ; mais ce qui est certain, c’est qu’il aura auparavant donné de tout son