Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/96

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vaincu ; car les socialistes, au fond, ne répudient pas la guerre. Au congrès de Zurich, je crois, un Hollandais se leva et proposa une motion en faveur de la grève des soldats. Alors Bebel s’y opposa violemment, par des arguments purement bourgeois, arguant notamment que les Français en profiteraient aussitôt pour fondre sur l’Alsace et la Lorraine. Exemple décisif. Non, les socialistes ne se sont pas vraiment libérés du vieil instinct guerrier ; ils font de beaux discours : que le prétexte patriotique entre en jeu, les voilà pareils aux bourgeois.

J’oppose à Tolstoï la sincérité et la vigueur de la propagande socialiste en France. Je rappelle les discours de Jaurès sur la Triple-Alliance, sur l’Alsace-Lorraine, qu’il me dit avoir ignorés, le courage dont le grand orateur a témoigné alors, les injures dont la presse nationaliste l’a accablé ; je rappelle ceux de Pressensé…. Mais Tolstoï hoche la tête :

— Des discours, rien que des discours. Mais, je vous le répète, qu’une question dite patriotique se pose demain devant le Parle-