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Page:Bourgeois - Manuel historique de politique étrangère, tome 2.djvu/18

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ridionale ou dans les Balkans, leur semblait favorable à la reprise des traditions glorieuses de la Révolution et de l’Empire. Leur influence était minime dans ce réveil des nations qui se produisit de 1820 à 1830 successivement, par l’oppression dont elles souffraient. Les Français laissaient les Bourbons écraser l’Espagne et protéger la Grèce. Ils s’insurgèrent contre la royauté quand ils la trouvèrent trop pacifique : leur révolution en 1830 fut ainsi plutôt un effet que la cause des troubles dont ils espéraient profiter.

Ce n’était donc pas réellement une victoire du droit que le réveil de la France en 1830, de ses passions militaires, de sa fièvre de gloire et d’honneur. Pourtant, entre cette date et 1789 un grand progrès était réalisé : l’événement avait prouvé que, dans les rivalités des grandes puissances, par le choc de leurs ambitions et le conflit de leurs intrigues, des nations aussi faibles que la Grèce, aussi nouvelles que les peuples de l’Amérique, trouvaient encore le moyen de conquérir leur existence légale. A deux reprises la France avait dû en 1793, en 1813 à ce moyen son salut. En 1814 au congrès de Vienne les États secondaires, sinon les nations, y avaient trouvé une ressource pour leur faiblesse. « L’acte final fut le premier essai qui ait été tenté de donner à l’Europe une charte, au moins territoriale. »

Les souverains, les diplomates, réunis à Aix-la-Chapelle, à Troppau, à Vérone, s’attribuèrent par la suite le mérite de cet équilibre européen, pacifique et durable. Ils l’expliquèrent par des principes qu’ils formulaient avec emphase, quand leur intérêt, tout simplement, les y obligeait.

Ce n’en était pas moins un fait considérable dans l’histoire de l’Europe, devenue désormais celle du monde, que l’égoïsme et les rivalités des grands États, le nombre et l’étendue de leurs rapports devinssent des garanties pour les faibles contre leurs ambitions, une ressource pour les nations opprimées, un recours suprême et inespéré pour le droit. Ce fait nouveau aurait dû servir de règle aux Français. Il leur préparait une revanche meilleure que la conquête du Rhin : la revanche de leurs idées, la vraie garantie de leur avenir.