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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/22

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le crépuscule des dieux

filé. Les voitures se succédaient, les valets n’avaient point de relâche à pousser les portes de glaces, et du haut en bas de l’escalier, entre la double haie des gardes, se mouvait une masse éclatante de chamarres, de gens galonnés et de femmes à longue traîne. Quelques-uns venaient saluer le comte d’Œls et l’Américain, et les phrases d’abordée ne variaient guère : toujours le manque de nouvelles, Benedek, les Autrichiens, et le prince Wilhelm, le frère du Duc, que l’on érigeait en dieu Mars, pour sa jonction présumée avec les troupes de Hanovre ; — après quoi, les louanges dues à un si magnifique gala. Richard Wagner, prêté par le roi de Bavière, allait diriger l’exécution de plusieurs fragments inédits d’un grand drame qu’il préparait, l’Anneau du Niebelung ; et l’opéra serait suivi d’un bal, avec des jeux, des loteries, des masques, des danses aux flambeaux, et autres inventions galantes.

Cependant des clameurs retentirent au dehors ; des soldats refoulaient tout le long de l’avenue, la multitude débordée ; un officier entra, qui sans même voir les deux courtisans, monta le degré précipitamment.

— Son Altesse arrive, dit M. Smithson.

— Oh ! nous avons le temps, repartit le chambellan.

Ils sortirent pourtant, debout sur le perron ; et ils ne faisaient que de se placer, quand une sorte