Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/119

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des meilleurs souvenirs, disent les cyniques. Ce fut précisément sur l’indiscrétion de La Croix-Firmin que George compta pour réunir quelques preuves nouvelles à l’appui du fait qu’il avait appris dans le dîner du Café Anglais. En sa qualité de vieux garçon, il avait l’imagination triste et prévoyait plutôt la mauvaise fortune que la bonne. Par suite, il s’était habitué depuis longtemps à y voir clair dans les dessous du monde social. Il savait l’art d’aller à la chasse de la vérité secrète, et il excellait à ramasser en un corps les propos épars qui flottent dans l’atmosphère des conversations de Paris. Dans la circonstance, il n’était pas besoin de beaucoup d’efforts. Il s’agissait uniquement de trouver de quoi corroborer un détail par lui-même indiscutable. Quelques visites à des femmes du monde qui avaient passé la saison à Trouville, et une seule à une femme du demi-monde, Gladys Harvey, la maîtresse en titre du meilleur camarade de La Croix-Firmin, suffirent à cette enquête. Il était bien certain que Ludovic avait été l’amant de Mme de Sauve, et cela de notoriété publique ainsi que de son propre aveu, à lui, aux bains de mer. Un départ hâtif avait seul préservé Thérèse de quelque avanie inévitable, et maintenant que l’existence parisienne recommençait, dix scandales