Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/131

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mélancoliquement. « Si tu veux en savoir davantage, demande à ta mère… »

— « Ma mère ? » fit le jeune homme avec violence. « J’aurais dû m’en douter. Hé bien ! j’y vais. » Et une demi-heure plus tard il entrait dans le petit salon de la rue Vaneau, où Mme Liauran se tenait seule à cette minute. Elle attendait son fils, en effet, mais dans une mortelle angoisse. Elle savait que c’était l’instant de son explication avec Scilly, et l’issue l’en épouvantait maintenant. La vue de la physionomie d’Hubert redoubla encore ses craintes. Il était livide, avec un cercle de bistre sous les yeux, et Marie-Alice ressentit aussitôt le contre-coup de cette émotion visible,

— « Je viens de chez mon parrain, ma mère, » commença le jeune homme, « et il m’a dit des choses que je ne lui pardonnerai de ma vie. Ce qui m’a peiné davantage encore, c’est qu’il a prétendu tenir de vous les calomnies qu’il m’a répétées sur le compte d’une personne que vous pouvez ne pas aimer… Mais je ne vous reconnais pas le droit de la flétrir auprès de moi, pour qui elle a toujours été parfaite… »

— « Ne me parle pas avec cette voix, Hubert, » dit Mme Liauran, « tu me fais si mal. C’est comme si tu m’enfonçais un couteau ici… » elle