qu’après s’être conduite comme elle avait fait avec La Croix-Firmin elle ne pouvait guère compter que sur son mépris et sur sa haine. Elle savait aussi ce que vaut la délicatesse des hommes dont c’est la profession d’avoir des femmes. Ce qui la torturait, pourtant, ce n’était pas la crainte qu’en parlant il ne compromît sa sécurité personnelle. Après tout, sans enfants, et riche d’une fortune indépendante, qu’avait-elle à redouter de son mari ? Mais une défiance dans les yeux d’Hubert, elle sentait qu’elle ne pourrait pas la supporter. Peut-être, néanmoins, vaudrait-il mieux qu’il sût l’affreuse vérité ? Il la chasserait comme une malheureuse ; mais tout lui semblait, par instants, préférable au supplice d’avoir ce remords sur le cœur et de mentir sans cesse à ce noble enfant. Elle s’était remise à l’aimer avec une frénésie désespérée, et comme sa révolte contre la partie basse de sa nature la précipitait à l’excès dans l’autre sens, c’est-à-dire vers le romanesque, un insensé désir l’envahissait de tout lui dire, afin que du moins l’humiliation volontaire de son aveu fût comme un rachat de son infamie. Et cependant, quoique le silence fût bien un mensonge, ce mensonge-là, elle avait encore la force de le soutenir ; mais un mensonge effectif, si jamais il l’interrogeait, elle souffrait trop pour
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