Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/168

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que son accent vaincu rendait si humble, acheva d’affoler Hubert. — « Mais non ! » continua-t-il en se levant et se mettant à marcher à travers la chambre d’un pas brusque dont le bruit piétinait le cœur de la pauvre femme ; « je ne peux même pas formuler cela… Je ne peux pas… Eh bien ! si !… » fit-il en s’arrêtant devant elle : « On m’a dit que tu avais été à Trouville la maîtresse d’un comte de La Croix-Firmin, que c’était la fable de l’endroit, que des jeunes gens t’avaient vue entrer chez lui et l’embrasser, que lui-même s’était vanté d’avoir été ton amant… Voilà ce qu’on m’a dit, et dit avec une telle insistance que j’ai subi une minute l’affolement de cette calomnie ; et alors j’ai éprouvé le besoin maladif de te voir, de t’entendre m’affirmer seulement que ce n’est pas vrai. Cela suffira pour que je n’y pense plus jamais… Réponds, mon amour, que tu me pardonnes d’avoir pu douter de toi, que tu m’aimes, que tu m’as aimé, que tout cela n’est qu’un odieux mensonge !… » Il s’était jeté à ses genoux en disant ces paroles ; il lui prenait les mains, les bras, la taille ; il se suspendait à elle, comme, au moment de se noyer, il se serait accroché au corps de celui qui se fût jeté à l’eau pour le sauver.

— « Que je vous aime, cela est vrai, » lui