Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/173

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seul. Il avait frappé à la porte, puis essayé de l’ouvrir. Elle était fermée à double tour. Il avait appelé Hubert plusieurs fois ; ce dernier l’avait enfin supplié de le laisser.

— « Et pas un mot pour nous ? » demanda Mme Liauran.

— « Pas un mot, » répondit le général.

— « Qu’avons-nous fait ? » reprit la mère. « À quoi cela m’aura-t-il servi de le détacher de cette femme, si j’ai perdu son cœur ! »

— « Demain, » répliqua Scilly, « vous le verrez revenir à vous plus tendre que jamais. Au premier moment, cela vous terrasse. Il a cherché des preuves de ce que nous lui avions dit, et il en a trouvé : voilà l’explication de son absence et de sa conduite. »

— « Et il n’est pas venu souffrir auprès de moi ! » fit la mère. « Mon Dieu ! est-ce qu’en croyant l’aimer pour lui, je ne l’aurais aimé que pour moi ? Voulez-vous sonner, général, qu’on me porte dans ma chambre ? » Et lorsqu’on eut roulé dans l’autre pièce le fauteuil qu’elle ne quittait plus maintenant, et qu’elle fut couchée dans son lit : « Maman, » dit-elle à Mme Castel, « écarte le rideau, que je regarde ses fenêtres. » Puis, comme Hubert n’avait pas fermé ses volets et qu’on voyait passer et repasser son ombre : « Ah !