Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/172

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dans le pavillon, et il monta lui-même jusqu’au salon pour transmettre à sa maîtresse l’étrange commission dont il était chargé. La mère avait attendu le fils pour le déjeuner. Hubert n’était pas rentré. Quoique cela ne lui fût jamais arrivé de manquer sans prévenir, elle s’était efforcée de ne pas trop s’inquiéter. L’après-midi s’était passé sans nouvelles, puis l’heure du dîner avait sonné. Pas de nouvelles encore.

— « Maman, » avait dit Mme Liauran à madame Castel, « il est arrivé un malheur. Qui sait où le désespoir l’aura entraîné ? »

— « Il aura été retenu par des amis, » avait répondu la vieille dame, dissimulant sa propre inquiétude pour dominer celle de sa fille. Lorsque la porte s’était ouverte à dix heures, avec sa finesse d’ouïe et du fond du salon, Mme Liauran avait entendu le bruit, et elle avait dit à sa mère et au comte Scilly, prévenu depuis le dîner : « C’est Hubert. » Quand Firmin eut rapporté la phrase du jeune homme : « Il faut que je lui parle ! » s’était écriée la malade. Et elle s’était redressée sur son séant, comme ne se souvenant pas qu’elle ne pouvait plus marcher.

— « Le comte va se rendre auprès de lui, » fit Mme Castel, « et nous le ramener. »

Au bout de dix minutes, Scilly revint, mais