Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/194

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dans un teint que le saisissement du froid colorait déjà, un œil légèrement bridé, l’œil d’un viveur qui s’est couché trop tard, après une nuit passée au jeu ou ailleurs. Un serrement de cœur inexprimable précipita l’amant jaloux vers l’hôtel.

— « M. de La Croix-Firmin ? » demanda-t-il.

— « M. le comte n’est pas à la maison, » répondit le concierge.

— « Il m’avait cependant donné rendez-vous à onze heures et demie, et je suis exact, » fit Hubert en tirant sa montre. « Y a-t-il longtemps qu’il est sorti ? »

— « Mais Monsieur aurait dû rencontrer M. le comte. M. le comte était là voici cinq minutes ; il n’a pas détourné la rue. »

Hubert savait ce qu’il voulait savoir. Il se précipita du côté où il avait croisé La Croix-Firmin, et, après quelques pas, il l’aperçut de nouveau qui se préparait à prendre le trottoir de l’avenue du côté de l’Arc-de-Triomphe. C’était donc lui. Hubert le suivait d’un peu loin, lentement, et le regardait avec une sorte d’angoisse dévorante. Il le voyait marcher d’une jolie manière, avec une souplesse tout ensemble robuste et fine. Il se rappelait ce qui s’était passé à Trouville, et chacun des mouvements de La Croix-Firmin ravivait la vision physique. Hubert se comparait mentalement,