la cérémonie. Cette discrétion avait été demandée par Hector lui-même, désireux d’éviter toute allusion au désastre encore récent où avait sombré le père de sa fiancée. Tant d’aventures de ce genre se sont succédé depuis lors ! Personne, assurément, ne se rappelle aujourd’hui cet audacieux Armand Duret, qui, à la veille et au lendemain de la chute de l’Empire, brassa de si vastes et de si hasardeuses affaires, fonda si bruyamment le Crédit Départemental, étala un luxe si insolent, commandita tant de journaux et finit sinistrement dans un horrible scandale, par la ruine et le suicide. La veuve et la fille de ce spéculateur déchu avaient, à grand’peine, réalisé après sa mort 4,000 francs de rente, juste de quoi ne pas mourir de faim parmi les quelques meubles échappés au marteau du commissaire-priseur. De son côté, la double collaboration dont j’ai parlé assurait à Hector 5,000 francs par an. Comptez : dans un de ses deux journaux, il tenait l’emploi de chroniqueur judiciaire, soit 2,400 francs ; à l’autre, il donnait, sous un pseudonyme, un courrier de Paris bi-hebdomadaire, soit, à 25 francs l’article, 2,600 francs. Trois fermes louées en métayage, qu’il avait la sagesse de garder dans le Bourbonnais, son pays d’origine, représentaient la partie la moins aléatoire de son revenu, mais la plus maigre : elles lui valaient, bon an mal an, 900 francs. Ces chiffres suffisent à expliquer pourquoi il fut décidé aussitôt que le jeune ménage habiterait avec la mère. Les deux femmes démontrèrent à l’écrivain, profondément ignorant
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