Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/112

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des bons ouvriers d’un de ces ateliers, et il se tint parole, avec une patience de procédés et une méthode non moins dignes des cultivateurs dont la lente et sagace énergie se retrouvait en lui sous la forme la plus inattendue. Son premier soin fut de profiter de la dispersion forcée des groupes littéraires, dont il avait plus ou moins fait partie, pour s’isoler de presque tous ses anciens compagnons. Puis, se souvenant d’avoir passé quelques examens de droit, il eut le courage de les compléter, afin de pouvoir s’inscrire au barreau, et, de là, postuler dans une feuille du boulevard une place de chroniqueur judiciaire. Il l’obtint, grâce à l’un de ces camarades de brasserie, entré, lui aussi, raisonnablement, dans la presse. L’exactitude avec laquelle Hector apportait sa copie, la précision et la clarté de ses comptes rendus sérieusement travaillés, l’aménité de son caractère, le firent bien vite apprécier dans ce premier journal. Le rédacteur en chef parla de lui en termes élogieux au propriétaire dudit journal, lequel n’était autre que Duret. Celui-ci ambitionnait de se recruter des outils humains, de bons et sûrs secrétaires qui lui fussent d’intelligents collaborateurs, dans la fortune politique qu’il comptait édifier sur sa fortune financière. Il voulut connaître Le Prieux. C’est ainsi qu’Hector entra, tout petit gazetier à peine appointé, et par l’escalier de service, dans l’hôtel princier que Duret possédait alors avenue de Friedland. Il plut tout de suite au spéculateur, qui, frappé de sa lucidité d’esprit, projetait d’en faire