Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/121

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le loyer. Qu’est-ce que cent lignes, quand il s’agit d’y résumer, au courant de la plume, et pour des étrangers, les nouvelles que l’on respire tout naturellement dans l’air de Paris ? Et ni Hector ni sa femme ne s’aperçurent même de ce surcroît de labeur après les autres. Deux graves événements empêchèrent pourtant, durant cette période, que le ménage Le Prieux n’allât trop loin sur ce chemin dispendieux de la fausse mondanité parisienne. L’un fut la naissance d’une fille, qui s’appela Reine, du nom de sa grand’-mère Duret ; l’autre fut la mort, après une affreuse maladie, — un cancer au sein, — de Mme Duret elle-même. Les longs séjours à la maison, qu’imposèrent à Mathilde, d’abord sa grossesse et ses relevailles, qui furent pénibles, puis la santé de sa mère, enfin son deuil, ne lui permirent pas d’élargir le cercle de ses connaissances. Ce cercle était alors assez restreint. Appartenant tous les deux à des familles de province, ni elle ni son mari n’avaient par devers eux ce fonds de relations, constitué, dans la petite bourgeoisie comme dans l’aristocratie, par le cousinage ; et ni Hector, dans les pauvres débuts de sa vie littéraire, ni feu Duret, dans les fastueux déploiements de sa richesse si vite acquise, si vite perdue, n’avaient pu se recruter une société. Le brasseur d’affaires n’avait eu à ses fêtes, quand il en donnait, que des invités de hasard, presque tous dispersés avec ses millions. Il y a ainsi à Paris des centaines de ces demi-parasites, énigmatiquement surnommés Boscards par le persiflage mondain, et