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Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/151

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respectons son style, — mais enfin d’être le mari de la « belle Mme Le Prieux » !


IV LE PRIX DU DÉCOR

Au lendemain de cet entretien, dont la seconde partie fut la répétition de la première, avec cette différence que les objections d’Hector étaient à la fin tombées une par une, la délicate et jolie enfant qui en avait été l’objet sans le savoir, Reine Le Prieux, s’était levée comme d’habitude avant huit heures. Il était convenu dans la famille qu’elle n’avait pas besoin de beaucoup de sommeil. En réalité, la jeune fille, lorsqu’elle avait passé la soirée dehors et qu’elle se réveillait à cette heure matinale, se sentait bien épuisée, bien brisée. Elle n’avouait jamais ces lassitudes, qui pâlissaient son frais visage, cernaient de nacre ses beaux yeux bruns et quelquefois lui enfonçaient à la tempe un lancinant point de migraine. Mais si elle n’avait pas laissé s’établir cette légende, aurait-elle pu surveiller elle-même, comme elle faisait chaque matin, les menus détails du cabinet de travail de son père ? C’était elle qui rangeait, de ses fines mains attentives, le papier à lettres et les enveloppes dans le casier posé sur le bureau ; elle qui mettait le calendrier mobile à la date du mois et au nom du jour ;