Page:Bourget - L’Écuyere, 1921.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui soutiendraient un assaut de boxe sans même pousser le classique : Heavens !… Il était entré dans la pièce, avec son éternelle casquette sur la tête. Jules n’avait pas pensé à s’offenser qu’il ne l’ôtât point, tant cette calotte plate, à courte visière, — d’une étoffe velue et brouillée, — semblait faire partie intégrante de son originale personne. Leurs mains s’étaient pourtant touchées ; mais, tandis que Jules tendait la sienne grande ouverte, à peine si Jack Corbin avait allongé un de ses énormes doigts gantés d’une peau jadis rouge, toute noire, maintenant, de la pression des rênes. Puis, à la question de Maligny : « Qu’y a-t-il pour votre service, monsieur Corbin ? Vous savez, si je peux vous être utile, disposez de moi… », il avait simplement répondu par le monosyllabe : « Thanks. »Puis, tirant de sa poche un morceau de papier, il l’avait posé devant Jules. Avec stupeur, celui-ci constata que c’était une bande d’envoi d’un journal. Il lut ces mots, tracés d’une écriture volontairement renversée :

MADEMOISELLE HILDA CAMPBELL

Maison Campbell

Rue de Pomereu

(Personnelle).

Et, commentaire immédiat au libellé de cette adresse, le silencieux cousin avait extrait, d’une autre poche, le journal lui-même, expédié, sous cette bande, à la jeune fille. C’était un numéro d’une de ces feuilles, dites, encore aujourd’hui, du boulevard, quoique le monde des lecteurs et des lectrices, représenté par cette formule au temps des Aurélien Scholl et des Charles Monsalet, des Gustave Claudin et des Xavier Aubryet, ou, moins loin de nous, des Chapron et des Fervacques, n’existe plus d’aucune manière. Mais il se trouve toujours des entrepreneurs de gazettes