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V

LA VRAIE RIVALE


Le « pauvre Jack » n’avait jamais étudié le cœur féminin qu’en ajustant de son mieux la muserolle ou la martingale aux montures destinées à sa cousine, et la mettant en selle avec des soins attentifs de frère aîné. Mais il avait déjà constaté trop de volte-face incohérents dans les résolutions de Hilda, depuis ces derniers mois, pour croire absolument à la durée de ce ferme propos de radicale abstention, si sage, en effet. Quatre jours se passèrent, durant lesquels la jeune fille fut plus affectueuse de manières, avec lui, qu’elle ne l’avait été, depuis le jour funeste de la première rencontre avec Maligny. Cette douceur s’accompagnait d’une telle tristesse, qu’il n’osa pas provoquer un nouvel entretien. Il attendait, avec une angoisse chargée de sinistres pressentiments, l’heure où reparaîtraient et Jules et Mme Tournade. Ce fut celle-ci qui se manifesta la première, sous la forme d’un coup de téléphone. Elle demandait, ainsi que Hilda l’avait prévu, où et quand elle pourrait essayer les deux bêtes choisies par elle. La décision avec laquelle sa cousine le fit partir à sa place pour le manège dans lequel ils présentaient leurs chevaux, rendit un peu de confiance à Corbin. Mme Tournade ne fit aucune observation. Les chevaux lui plurent. Elle dit qu’elle les retenait pour la semaine d’après, et, le surlendemain, arrivait, rue de Pomereu, un