Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/101

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auxquels les roueries de Pauline se trouvaient mêlées avaient été trop intenses. Il en avait trop joui d’abord et trop souffert ensuite. Il y avait surtout trop pensé. Enfin et surtout, même en la condamnant et en l’exécutant, comme il avait fait, il n’était pas absolument sorti du doute. C’est une des singularités les plus étranges de certaines jalousies que cette égale impuissance à se fixer dans la certitude de la fidélité et dans celle de la perfidie. Toutes les présomptions accumulées contre sa maîtresse n’apparaissaient pas toujours à Nayrac comme emportant la même évidence, et, parfois, il lui arrivait de plaider la cause de cette femme dont le silence à son endroit lui semblait alors une nouvelle énigme. Si pourtant le monde avait calomnié ses relations avec Vernantes, si ce n’était pas elle qu’il avait vue entrer dans le rez-de-chaussée de la rue Murillo ? Si un simple hasard l’avait forcée à sortir ce jour-là, quoique souffrante ? Il avait tôt fait de revenir à ce qu’il avait considéré autrefois comme une preuve suffisante pour tout y sacrifier. Mais, malgré lui, durant ces minutes-là, sa rêverie se portait invinciblement et douloureusement sur cette fille que Pauline élevait là-bas dans la solitude. Son angoisse devenait infinie alors à songer que cette fille pourrait être son enfant, à lui, même après la perfidie de sa mère. — Pourrait être ! — Qu’une pareille idée est cruelle et