Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/134

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je ne suis pas sûr qu’elle ne puisse pas être évitée. Rentrons dans la réalité positive. Et d’abord Mme Raffraye ne m’a pas répondu. Voilà le fait indiscutable. Pourquoi ? » L’idée qui lui avait, une fois déjà, traversé l’esprit, revint plus précise : « Après tout, elle peut n’être venue ici que par hasard, et avoir une horreur de nouvelles relations avec moi égale à mon horreur de nouvelles relations avec elle. Ce silence signifierait cela : nous ne nous connaissons plus… S’il en était ainsi, quel besoin de parler à Mme Scilly ?… Et il en est ainsi… » Il le souhaita soudain si violemment que l’intensité de ce désir fit certitude devant son esprit. « Que ses domestiques disent du bien d’elle, qu’est-ce que cela prouve ? Qu’elle est assez rusée, assez fausse pour avoir, à la mort de cet odieux Raffraye, joué la comédie de la grande douleur. Mais, de cette comédie à une présentation en règle, il y a de la marge. Non, elle ne veut plus me connaître, et, par conséquent, elle ne voudra pas davantage connaître Mme et Mlle Scilly qu’elle ne peut fréquenter sans me voir. Et d’ailleurs où se ferait cette présentation ? Ces dames mangent dans leur salon. Malade comme elle doit l’être pour qu’on l’ait envoyée si loin, elle mange certainement aussi chez elle. Ces dames ne vont jamais dans la salle de lecture. Elle ne doit pas beaucoup y aller. Nous n’avons aucune relation dans la ville. Il ne reste plus pour lier connaissance