Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/204

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manqué à l’engagement pris avec lui-même, et cela tout simplement à cause de l’Anglomane qui dirigeait le Continental et dont il se moquait si souvent ? — « Si j’avais jamais eu le ridicule de me faire blanchir à Londres, quelle leçon et quel ilote !… » disait-il ; mais cet ilote allait devenir, par une de ces ironies auxquelles il semble que se complaise parfois le sort, la cause déterminante d’une rechute terrible du malheureux dans le mensonge et la trahison. Le cavalier Francesco Renda avait en effet l’habitude de célébrer chaque année le Christmas, pour la joie de sa clientèle britannique et autrichienne, en faisant dresser dans le plus vaste de ses salons un colossal arbre de Noël, illuminé de ses plus basses branches à ses plus hautes. Une représentation d’un caractère plus ou moins local complétait la fête. Il avait, cette année-ci, engagé pour la circonstance une de ces troupes de chanteurs napolitains que connaissent trop ceux qui ont passé une saison à Sorrente ou aux Capucins d’Amalfi. Quand Henriette avait montré les trois billets que le diplomatique Don Ciccio avait apportés pendant l’absence du jeune homme, contre la moquerie duquel sa finesse méridionale le mettait en garde, Francis n’avait pu s’empêcher de dire :

— « Hé bien ! nous allons encore entendre funiculi, funicula… Ce sera très gai !… »