Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/205

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— « Voulez-vous que nous ne descendions pas ?… » avait répondu Henriette avec la câline soumission d’une femme aimante qui souffre de ne pouvoir épargner même le plus léger ennui à celui qu’elle chérit. Pourquoi Francis insista-t-il au contraire pour qu’ils se rendissent tous trois à l’invitation du gentleman-hôtelier ? il devait cependant penser que cet arbre de Noël (X-mas tree sur l’affiche du vestibule !…) étant surtout préparé pour les enfants, Mme Raffraye y conduirait sans doute Adèle. Il le pensa et il se crut assez fort pour que cette possibilité ne l’effrayât point. Il en serait quitte pour détourner de nouveau les yeux, et il ne priverait pas sa fiancée du pauvre plaisir qu’elle paraissait si disposée à lui sacrifier, mais qu’elle avait accepté si joyeusement. Quand donc il entra par ce soir de fête dans le petit salon rempli d’habits noirs et de toilettes cosmopolites, au centre duquel resplendissait l’arbre gigantesque parmi son auréole de bougies roses et vertes et de lanternes coloriées, il s’était disposé à souffrir de nouveau. Il ne prévoyait pas que le cavalier Renda, dans son désir de grouper ensemble des compatriotes, aurait placé les sièges réservés à Mme Scilly précisément à côté des sièges réservés à qui ? — à Pauline et à sa fille !… Oui, là-bas, dans le coin à gauche, à côté de ces trois fauteuils vides vers lesquels le rayonnant Don Ciccio, vêtu comme le plus correct des membres du Carlton,