Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/224

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après l’avoir regardée avec adoration, dit à sa bonne, pensant à sa grande poupée, à la préférée :

— « Tu comprends, ce sera la Françoise de l’autre. »

Elle se levait en prononçant ces mots, dont la puérilité contrastait comiquement avec ses phrases précoces de tout à l’heure. La vieille bonne avait consulté sa montre et avait fait signe qu’il était temps de remonter. Un peu intimidée, Adèle se tourna vers Henriette pour lui dire bonsoir, et la jeune fille ayant répondu à ce geste par une caresse sur la joue et les cheveux de l’enfant, cette dernière lui fit un sourire où se devinait toute l’amitié dont ces petits êtres sont capables, et qui leur envahit le cœur si promptement. Devant Francis et devant Mme Scilly, elle passa avec la même grâce effarouchée qui lui était naturelle, puis elle disparut entre les fauteuils, tandis que, la hotte du concierge distributeur une fois épuisée, les musiciens reprenaient leurs mélodies interrompues et que Mlle Scilly résumait d’une manière saisissante son impression de la soirée, en disant à sa mère et à son fiancé :

— « Quand on pense qu’avec cette sensibilité-là cette pauvre petite sera peut-être orpheline et seule dans la vie avant un an, c’est trop triste !… »

— « Henriette a raison, » se répétait Francis