Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/236

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jeune femme était venue demander des forces au soleil africain de Palerme. La fine nature de la mourante, révélée déjà par les traits délicats de son visage, en ce moment immobiles de fatigue et de songerie au milieu de ses oreillers, se reconnaissait encore dans cet art de dissimuler l’odieux appareil de ses misères physiques. Bien qu’elle ne reçût aucune autre visite dans cette chambre que celles de sa petite Adèle et du docteur, elle gardait la coquetterie de ce qu’elle appelait en plaisantant « son coin d’hôpital. » Les tresses toujours épaisses de ses cheveux châtains, comme rayées par places de touffes blanches, étaient aussi soigneusement nattées et nouées de rubans, la transparente batiste de ses coussins se doublait d’une soie aussi joliment rose ou bleue, elle drapait ses maigres épaules d’un crêpe de Chine aussi souple, aussi parfumé, enfin la dentelle qui terminait ses manches retombait sur ses pauvres poignets fragiles en plis aussi coquettement disposés que si elle eût été, non plus la condamnée d’aujourd’hui, mais l’amoureuse et l’élégante d’autrefois. À la place du hideux déploiement de fioles et de linges souillés qui déshonore des chambres pareilles, le marbre de la table, auprès d’elle, se voilait d’un tapis de soie et montrait une lampe voilée elle-même d’un abat-jour souple. Une photographie d’Adèle dans un cadre d’émail était auprès, des anémones dans un vase d’argent ciselé et