Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/250

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embarras. Elle savait trop que Mme Raffraye n’aimait guère les connaissances de hasard. « Madame l’a bien rencontrée aussi. C’est cette demoiselle de Paris qui passe l’hiver ici avec sa mère et son prétendu… On s’est trouvé placé à côté d’elle, parce qu’il faut dire à Madame qu’on vous donnait vos fauteuils et qu’on ne pouvait pas changer comme on voulait… »

— « J’espère que tu n’as pas été indiscrète ? » questionna Pauline en s’adressant à la petite fille. Elle venait de sentir comme une main lui serrer physiquement le cœur. L’image de la fiancée de Francis Nayrac, assise auprès d’Adèle, lui fut une impression si douloureuse et si imprévue, que sa voix trembla dans cette simple demande, et la petite fille répondit avec une soudaine rougeur à ses joues trop minces :

— « Je crois que non, maman. Mais… » Et elle s’arrêta, comme embarrassée.

— « Cette demoiselle t’a parlé ? » interrogea de nouveau la mère.

— « Oui, » dit Adèle, « je sais que ce n’est pas bien de causer avec des personnes que l’on ne connaît pas… Seulement, celle-là, c’est comme si on l’avait toujours connue… »

— « Et que t’a-t-elle demandé ? » continua Mme Raffraye.

— « Comment tu allais, d’abord, » dit l’enfant de plus en plus troublée. Par quelle mystérieuse