Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/261

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vie, de seulement les énoncer devient quelquefois un effort auquel nous ne nous résignons qu’à la dernière extrémité. Depuis la lettre reçue l’autre matin, Pauline était arrivée à cette extrémité. Du moins elle vit partir sa fille et ses deux gardiennes sans la moindre appréhension. Elle était bien certaine que son désir, cette fois, serait accompli, et que, dans une heure, la petite lui reviendrait, ayant pris un peu d’air dans l’assez vaste jardin attenant au villino. Et elle-même, elle commença d’utiliser cette heure de complète solitude, en procédant à de petits arrangements plus personnels. Elle allait, enveloppant des cadres, déchirant des factures, jetant au feu quelques papiers et ne s’apercevant pas du temps qui passait, quand il lui sembla entendre que l’on frappait à la porte du salon, puis que cette porte s’ouvrait et se refermait. Elle se dit que sans doute quelque domestique apportait un paquet ou bien une lettre. De sa chambre elle demanda qui était là, et, comme on ne répondait point, cette idée absurde lui traversa l’esprit, que Francis Nayrac, ne recevant pas de réponse à sa lettre et ayant appris qu’elle quittait l’hôtel, avait vu sortir la petite et les deux bonnes, puis qu’il avait voulu profiter de sa solitude pour la forcer à une explication. Mais non ! Une pareille audace et si contraire à ce que doit un homme bien élevé n’était pas possible, même de lui. Elle haussa les épaules