Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/262

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à la chimère de sa propre imagination, et elle demanda de nouveau : « Qui est là ?… » Pas de réponse encore. Elle pensa que, bien plutôt, un des locataires de l’hôtel s’était, comme il arrive, trompé de chambre, et que, s’apercevant de son erreur, il avait refermé la porte aussitôt après l’avoir ouverte. À tout hasard, elle voulut vérifier par elle-même et elle passa dans le salon… — Francis Nayrac était devant elle !…

Le jeune homme se tenait debout, la main appuyée sur une table où la petite Adèle avait disposé les cadeaux reçus trois jours auparavant. Si Pauline avait gardé à travers le saisissement dont elle était secouée toute entière la force d’observer et de raisonner, elle aurait trouvé dans un détail bien vulgaire, mais bien significatif, la preuve du coup de folie qui l’avait précipité à cette démarche insensée. Il était monté chez elle sans chapeau. Évidemment il avait su le très prochain départ de Mme Raffraye. Il avait aperçu les deux femmes de chambre s’en allant avec la petite fille, et il était venu, sûr de la trouver seule, non pas pour la menacer, comme elle pouvait s’y attendre, et pas davantage pour engager avec elle une conversation d’habileté ou de diplomatie. Son visage contracté, ses yeux douloureux, ses lèvres tremblantes, tout dans sa personne disait qu’il ne voulait rien, qu’il ne projetait rien. Une irrésistible impulsion lui