Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/264

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appartement sous le coup d’un véritable accès de somnambulisme, cette violence l’eût soudain rappelé à la sensation de la réalité. Il serra le bord de la table sur laquelle il s’appuyait, pour s’empêcher de tomber. Mais il continua de se taire et il ne fit pas un mouvement du côté de la porte. Avec une énergie plus implacable, Pauline répéta : — « Vous allez sortir… » — et, sans le quitter de ses terribles yeux, la main tendue, d’un pas décidé, elle marcha vers le coin de la chambre où se trouvait le timbre électrique. Quelques secondes de plus, et elle sonnait. Cette fois, il ne lui laissa pas le temps d’agir, et, d’un geste tout ensemble brusque et suppliant, il lui prit le bras pour l’arrêter :

— « Non, » disait-il, « vous n’appellerez pas. Vous ne me défendrez pas de vous parler. De quoi avez-vous peur ?… Vous voyez bien que je ne suis pas venu ici dans des idées de vengeance… Cinq minutes seulement, je ne vous demande que cinq minutes et puis je m’en irai… Mais pas avant de vous avoir parlé !… C’est vrai que je n’avais pas le droit de forcer votre porte… Vous partez. Vous n’avez pas répondu à ma lettre. Je n’ai pas pu supporter de ne pas m’être expliqué avec vous avant ce départ. Il faut que vous m’écoutiez. Il le faut… Vous m’avez fait tant de mal dans ma vie. Vous ne me ferez pas encore celui de me refuser cet entretien… Vous me le