Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/275

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porte ouverte et refermée dans le salon, qui à son entrée avait fait peur à Pauline et qui lui fit à lui une peur pire encore. Qui était-ce ? Il avait vu Adèle et les deux femmes de chambre sortir, et la certitude de trouver Mme Raffraye seule l’avait décidé à l’audace de cette dangereuse démarche. Il eut une seconde cette affreuse inquiétude qu’Henriette avait su qu’il était là et qu’elle était montée. Il l’avait quittée sur le prétexte si gauche d’une lettre à écrire, et elle l’avait suivi d’un si étrange regard. Mais non, c’était la petite Adèle qui avait raccourci un peu sa promenade à cause de la violence du Sirocco et de la poussière aveuglante que ce vent soulève. Elle arrivait toute joyeuse de rentrer plus tôt, accompagnée d’Annette. Elle passa en courant du salon dans la chambre à coucher dont la porte était demeurée ouverte. Elle vit Mme Raffraye sur le lit, au chevet le jeune homme qu’elle reconnut pour l’avoir eu presque à côté d’elle dans la soirée de l’avant-veille. Elle jeta un cri de terreur et elle appela sa mère en se précipitant vers elle, avec des baisers passionnés que la malade sentit à travers sa défaillance, car ils lui rendirent la force de se relever à demi. Elle prit, elle aussi, sa fille entre ses bras, par un geste de protection jalouse, et ce réveil de la maternité fut si puissant qu’il lui donna l’énergie de sauver ce qu’elle pouvait sauver d’une situation tragique. Car, regardant