Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/287

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heure, une heure et demie, deux heures. Il ne rentrait pas. Elle pria Vincent d’aller l’appeler. Le valet de chambre revint dire que M. Nayrac était sorti. L’inquiétude d’Henriette s’exalta au point qu’elle envoya demander au concierge depuis combien de temps. Elle espérait que Francis, en s’en allant, aurait laissé une recommandation peut-être oubliée. Non. Il avait quitté l’hôtel à pied, sans rien dire, dans la direction de la ville, vers les deux heures et demie, et il en était plus de quatre. Ce qui ajoutait à l’inquiétude de la jeune fille, c’était de voir cette inquiétude partagée par sa mère, qui avait demandé à plusieurs reprises déjà ce que faisait Francis. Même à travers son trouble, la gracieuse enfant chérissait trop passionnément son fiancé pour ne pas souffrir une souffrance de plus à l’idée qu’il aurait à subir un interrogatoire de Mme Scilly, et son amour lui suggéra de répondre enfin :

— « Nous sommes à la veille du jour de l’an… Il aura sans doute voulu nous préparer quelque surprise… » Puis, caressante : « Je vous en prie, mère, ne lui laissez pas voir que nous avons été tourmentées. Vous savez comme il en serait peiné… »

— « Sois tranquille, » répondit Mme Scilly, « je ne le gronderai pas, bien qu’il le mérite, avec ou sans surprise… Ah ! » dit-elle encore sans se douter de l’ironie contenue dans ces derniers