Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/290

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se termina cette mensongère consultation : — « Vous aurez d’autant moins de peine à faire accepter à ces dames la nécessité de votre départ, que Mlle Scilly était très inquiète de votre santé. Elle m’en a parlé encore l’autre matin… »

Ainsi Henriette s’apercevait des crises d’agitation qu’il subissait. Il n’était que temps d’abandonner Palerme, avant qu’elle songeât à les expliquer par leur véritable cause ou par une cause seulement approchante. Pour le moment, cette observation de la jeune fille avait l’avantage de faciliter la mise en œuvre de sa ruse. Il avait donc pleine confiance dans la réussite lorsque, à son arrivée dans le salon, où l’attendaient ces deux femmes dont il se savait tant aimé, il commença :

— « Vous avez dû être bien inquiètes de moi ? Il faut me pardonner… Je me suis senti très souffrant, j’ai cru que l’air me remettrait, j’ai voulu marcher. J’ai marché, marché… Mon malaise ne passait pas, et comme il dure depuis plusieurs jours, je vous ai obéi. » Il se tourna vers Henriette pour dire cette fin de phrase : « Je suis allé chez le professeur Teresi. Il devait rentrer, m’a dit son domestique, d’un moment à l’autre, et puis je l’ai attendu plus d’une heure… »

— « Avez-vous pu le voir, au moins, et bien causer avec lui ? » demanda Mme Scilly.