Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/300

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un missionnaire français qui se trouvait à la cathédrale chaque matin. Elle se rendit donc au Dôme avec sa femme de chambre dès les sept heures et demie, comptant être rentrée assez tôt pour le réveil de sa mère. Dans son désarroi intérieur, elle n’avait pas réfléchi que c’était le dimanche, et le seul jour où le père Mongeron ne fût pas là. Cette contrariété fut assez forte pour qu’elle assistât à la messe dans des dispositions qui ne lui procurèrent pas la tranquillité habituelle dont s’accompagnait l’accomplissement de ses devoirs religieux. Elle revenait donc, peu contente d’elle-même, et, afin de tromper par un peu d’air l’énervement qui la gagnait, elle s’était décidée à marcher, d’autant plus que le vent de ces derniers jours ayant nettoyé le ciel de ses nuages, le commencement de cette matinée s’annonçait comme splendide. La jeune fille suivait le bord de la Marina et elle regardait l’horizon du golfe qui, encore bouleversé de la veille, crispait ses innombrables vagues crêtées d’écume. Mais elle ne pouvait pas plus s’absorber dans ce paysage qu’elle n’avait pu tout à l’heure s’absorber dans sa prière. La naïve facilité qu’elle avait à l’ordinaire de s’harmoniser avec les choses, de ne faire qu’un, pour ainsi dire, avec elles, était comme paralysée par cette préoccupation continue de son fiancé, de ce changement inexplicable d’humeur, de ce départ. Aussi fut-elle réveillée