Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

terreur lorsqu’elle aperçut Mlle Scilly debout devant elle. Très rouge et sans rien dire, elle se baissa pour ramasser les divers outils de son jeu, en jetant un regard afin d’implorer une protection du côté de sa bonne, qui n’était pas la fidèle Annette, malheureusement, — car celle-là eût certes empêché le dangereux entretien qui se préparait, au lieu que Catherine n’avait reçu de Mme Raffraye aucune recommandation spéciale. Un peu sourde d’ailleurs et abîmée comme elle l’était dans son ouvrage, elle n’observait même pas que sa petite maîtresse causait avec Henriette, et cette dernière disait :

— « Bonjour, mademoiselle Adèle. J’ai su que votre maman avait été plus souffrante. J’espère qu’elle est mieux aujourd’hui… »

— « Beaucoup mieux, je vous remercie, mademoiselle, » dit l’enfant. Le souvenir du mécontentement de sa mère l’autre soir et des admonestations d’Annette le matin l’auraient empêchée de répondre, si elle n’avait pas ressenti pour la jeune fille cette sympathie d’admiration qui lui rendait la froideur trop difficile. Son embarras était tel que les épingles échappaient de ses petits doigts tremblants à mesure qu’elle les saisissait.

— « Voulez-vous que je vous aide ? » reprit Henriette. « À moins que vous n’ayez encore peur de moi. Je croyais que nous étions devenues amies le soir de Noël… »