Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/314

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pas ! » s’écria-t-il comme elle continuait de se taire et qu’elle tremblait davantage encore. Et oubliant ses réflexions de la veille » oubliant ses conflits intimes, ses combats, son martyre, oubliant ses récentes fautes et la certitude de ses fautes prochaines pour ne plus apercevoir que la possibilité de rallumer dans ces prunelles douloureusement fixes un éclair de joie : « Voulez-vous que je ne parte pas, » reprit-il, « que je demeure avec vous jusqu’à la date que nous avions fixée ?… Après tout, je ne suis pas malade. Je ne le serai pas. Pourvu que vous soyez heureuse, que vous me souriiez comme autrefois, je retrouverai toute ma force, toute ma santé… Si c’est cela que vous vouliez me demander, prononcez un mot, un seul, et c’est promis. Je reste… Mais ne tremblez plus, ne souffrez plus. Ne souffre plus, mon unique amour… »

Il avait parlé, non pas avec tout son cœur comme il avait dit, mais avec les parties les plus humaines de son cœur et les plus nobles. Spontanément, presque involontairement, follement, il s’était jeté au-devant de la prière qu’il avait cru lire sur la bouche d’Henriette sans même qu’elle l’eût formulée. Délicate et frémissante bouche et qui lui donna le sourire qu’il implorait, il ne soupçonnait pas quelle réponse allait en sortir ! Les deux mains d’Henriette se dégagèrent. À son tour elle saisit Francis, lui prenant la tête et se