Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/321

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avant-hier, occupé à la secourir, et parfaitement vrai aussi que je devais vous le dire, à votre mère et à vous… Quant à la raison qui m’en a empêché, n’insistez pas pour que je vous la donne. Je ne vous la donnerai pas. Je ne peux pas vous la donner… »

— « Vous ne pouvez pas !… » répéta Henriette. « Et c’est vous qui tremblez maintenant, vous qui pâlissez, vous qui avez peur !… Il faut donc qu’elle soit bien grave, cette raison ? Elle vous touche de bien près pour que je vous voie dans cet état ?… Mon Dieu ! » ajouta-t-elle, « cette folie me reprend. Je vous en supplie, Francis, à mains jointes !… Jurez-moi du moins que vous ne connaissiez pas cette personne avant ce jour-là, que vous ne l’aviez pas rencontrée autrefois. Jurez-le-moi. Je vous croirai. Je ne vous demanderai plus rien… Je supporterai tout, mais pas cette idée… »

— « Je vous ai déjà dit que je ne pouvais pas vous répondre, » fit le jeune homme.

— « Ainsi, vous la connaissiez !… » continua Henriette avec égarement, « Elle est arrivée ici. Nous en avons parlé devant vous et vous vous êtes tu. Nous avons rencontré sa fille, j’ai causé de sa mère avec cette enfant devant vous et vous vous êtes tu… Je me le rappelle maintenant, c’est depuis le séjour de cette femme à Palerme que vous avez commencé de changer… Ah ! mon