Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/323

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provoquer, cette scène, sinon une plainte d’Henriette sur le départ précipité de Francis ? Mme Scilly les en gronda tous les deux, et aussitôt, avec d’autant plus de tendresse qu’elle avait, dans son caressant esprit de mère indulgente, imaginé un moyen de rendre à sa fille ces deux ou trois semaines qu’elle semblait tant regretter :

— « Je vois que mes deux enfants n’ont pas été sages, » dit-elle en secouant sa tête grisonnante. « Dans quel état je vous retrouve, pour un quart d’heure que je vous ai laissés, et vous saviez que vous ne deviez pas rester seuls. Votre punition sera de vous confesser… De quoi parliez-vous, ou plutôt sur quoi vous querelliez-vous ?… Tu ne réponds pas, Henriette, et vous, Francis, vous vous taisez… Comme si je n’avais pas déjà deviné ce que vous n’osez pas me dire ! Toi, Henriette, tu faisais ce que je t’ai tant défendu l’autre jour. Tu n’étais pas raisonnable et tu lui reprochais son départ, et lui, il te désespérait davantage en se désespérant de son côté, et vous aviez tort tous les deux… Je voulais vous faire une petite surprise, » continua-t-elle en montrant sa lettre, « et je venais d’écrire à Girgenti afin d’y retenir un appartement pour le 3… Vous ne comprenez point ? Quand je vous ai vus tous deux si malheureux de ce départ, dès avant-hier, j’ai voulu parler, moi aussi, au docteur Teresi. Je l’ai fait causer ce matin même. Il m’a dit que vous étiez