Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/346

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à travers ce souci, une pitié, une profonde et généreuse pitié de femme pour l’homme coupable, mais malheureux, qu’elle avait devant elle. Non, elle n’avait pas menti en lui disant qu’elle l’aimait vraiment comme une mère aime son fils, puisque ayant le droit, presque le devoir, de le condamner d’une manière si implacable, elle trouvait encore en elle de quoi lui faire la charité, si ce n’est d’un pardon, au moins d’une sympathie, et son premier mot la lui annonçait, cette sympathie, tout simplement, tout délicatement.

— « J’ai quitté Henriette pour quelques minutes, » dit-elle, « parce que j’ai pensé que vous deviez être bien tourmenté, et que cela me faisait mal, même dans mon inquiétude… Et puis il faut que j’obtienne de vous une promesse… »

— « Ah ! tout ce que vous demanderez, tout ce qu’elle demandera !… » répondit le jeune homme. « Je suis prêt à vous obéir en tout. J’y étais prêt avant que vous m’eussiez parlé comme vous venez de faire, avec cette bonté dont je vous serai reconnaissant toute ma vie… » Il prit la main de Mme Scilly pour la baiser, et, sur cette blanche et sainte main, ses larmes tombèrent, tandis qu’il continuait : « Je vous en conjure, soyez bonne encore davantage. Ne me cachez rien. Dites-moi tout ce qu’elle vous a dit. Qu’a-t-elle entendu ? Que sait-elle ? Que pense-t-elle ? »

— « Hélas ! » répliqua la mère, « je voudrais