Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/358

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de demi-lueur si délicat, si indéterminé, qu’il en est presque indéfinissable. Comment traduire en termes précis ce vague instinct du sexe, ce retentissement obscur éveillé dans le cerveau par tout un travail inconscient qui s’accomplit à travers cet organisme encore endormi et cependant complet ? Comment doser par une analyse assez subtile chacun des éléments d’initiation que représente autour de la créature la plus enveloppée de modestie le mariage d’une amie intime, par exemple, chez laquelle elle continue d’aller en visite comme auparavant, dans la chambre de laquelle elle entre, avec qui elle cause en libre et pleine confiance, qu’elle voit devenir mère enfin ? Tout cet ensemble de choses féminines se résume pour la jeune fille en un pressentiment qui va quelquefois jusqu’à l’épouvante. Cela fait dans ces âmes trop tendres, trop vibrantes, comme un frisson autour de l’idée de ces rapports mystérieux entre l’homme et la femme d’où naîtra une nouvelle existence, cet enfant qui éveille à l’avance le cœur de la mère dans le sein de la vierge. Quant aux égarements de l’amour hors du mariage, la plupart ne les soupçonnent même pas, ou si quelque hasard dangereux de conversation et de lecture leur a fait comprendre qu’une femme peut manquer à ses devoirs, ce sont bien plutôt des imprudences de coquetterie qu’elles imaginent, et non pas des aventures du genre de