Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/36

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avec une sollicitude passionnée les quelques jeunes gens mêlés à leur petit cercle de société. Puis ce fut d’un inconnu que son enfant se trouva éprise, de ce Francis Nayrac au bras duquel la mère la regardait se promener à présent avec une confiance si émue, presque si reconnaissante, — et dix petits mois plus tôt elle ne connaissait ce nom que pour l’avoir entendu mentionner par la générale de Jardes, qui était une parente éloignée du jeune homme. C’était aussi chez Mme de Jardes que la présentation avait eu lieu, par hasard, à une visite d’où Francis était sorti si troublé du charme d’Henriette, qu’il était retourné le lendemain en parler à sa parente. Des incidents avaient suivi, d’un ordre bien simple, bien banal, pareils à tous ceux dont s’accompagne un mariage ainsi commencé sur le subit enthousiasme d’un garçon lassé de sa solitude, et auquel servent de complices la secrète sympathie de la jeune fille d’une part, de l’autre la bienveillance d’une commune amie enchantée de ce rôle d’intermédiaire. C’est un lieu commun d’observation que toutes les femmes s’y complaisent, qu’il s’agisse d’un amour légitime ou illégitime ! De nouvelles rencontres plus ou moins adroitement préparées, le constant et long éloge de Francis fait par Mme de Jardes, la présence du jeune homme dans tous les endroits où il pouvait s’approcher de Mlle Scilly sans que personne commentât