Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/410

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Tes désastres taciturnes, et qui ne laissent pas après eux de décombres visibles, sont pourtant les plus tragiques, ceux qui protestent le plus contre cet horrible cauchemar d’un ciel vide où ne serait caché aucun Juge, aucun Consolateur !

Ils avaient déroulé leurs tristes heures, les huit jours annoncés par Mme Scilly, à travers ces pensées, et sauf une lettre de cette dernière qui lui disait encore de s’armer d’espérance et de courage, Francis ne savait rien de Palerme ni des scènes où se jouait son avenir. Toutes les réflexions auxquelles il s’abandonnait dans sa solitude l’enveloppaient de cette vapeur de fatalisme dont certains hommes sont d’autant plus possédés qu’il s’agit pour eux d’intérêts plus essentiels. Mais sur quel champ aurait-il pu appliquer son énergie, maintenant que le drame de sa destinée était engagé comme il l’était ? Quelles paroles aurait-il prononcées, plus touchantes que celles de cette indulgente et sainte mère de qui le pardon était pour Henriette le gage le plus sûr qu’il méritait d’être plaint ? Il gardait dans cette intervention de la noble femme, dont il avait tant redouté l’implacable rigueur et qui lui avait montré cette compatissante charité, une confiance presque superstitieuse, et quoique le tremblement intime de tout son être se fît plus douloureux à mesure que la semaine avançait,