Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/411

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il espérait en effet, dans la mesure où il lui était permis d’attendre un adoucissement du sort. Cependant, lorsque le matin du huitième jour eut passé sans qu’il eût reçu un télégramme de la comtesse lui disant de revenir par le train de l’après-midi, il commença de tomber dans une si cruelle appréhension, qu’il lui fut impossible de ne pas télégraphier lui-même pour implorer une réponse par la même voie. Que devint-il en ne trouvant dans cette réponse, qui lui arriva le soir, qu’une prière d’attendre une lettre partie de Palerme le jour même ? Mme Scilly ne le rappelait pas immédiatement. Elle ne lui indiquait par aucun mot la solution définitive de ses efforts auprès d’Henriette. Avait-elle donc échoué ? Ou bien la jeune fille avait-elle demandé un délai plus long ? Quel mystère cachait ce silence ? Certes, Francis croyait s’être blasé depuis six semaines sur l’odieuse sensation de l’incertitude. Il en avait tant souffert, mais jamais comme durant cette nuit qui sépara cette dépêche de la lettre qu’elle annonçait. Quand, au lendemain de cette nuit de fièvre, il tint l’enveloppe entre ses doigts, comme il tremblait en la déchirant ! Il vit qu’elle contenait un billet très court de Mme Scilly, et une seconde enveloppe ouverte, sur laquelle n’était aucune adresse. Les premiers mots de la mère de sa fiancée le bouleversèrent au point qu’il dut s’asseoir, et ce fut avec des yeux